Est paru le 20 décembre 2023, le décret relatif à la prescription électronique qui permet désormais aux médecins de ville équipés de téléservices mis à disposition par la Caisse nationale d’assurance maladie d’établir des prescriptions dématérialisées, comportant également des données relatives à leur exécution et dont le contenu sera stocké dans une base de données sécurisée par l’assurance maladie.
Parallèlement, le praticien établit une ordonnance sur papier reprenant les informations de la prescription électronique via un QR code à partir duquel le professionnel prescrit (pharmacien, radiologue, etc…) va récupérer ces informations dans la base de données et renseigner l’exécution de la prescription.
Comme pour tous les dispositifs numériques permettant une circulation des informations de santé personnelles des patients, le décret prévoit que les patients peuvent s’opposer à ce mode de prescription ou à certaines de ses modalités, mais également des exceptions (connexion internet insuffisante, indisponibilité des téléservices, problème technique ponctuel, etc…).
A priori, la prescription électronique ne comporte que des avantages : lutte contre la falsification des ordonnances, traçabilité des prescriptions, accès à leur contenu facilité via les téléservices, amélioration de la prescription avec les logiciels d’aide à la prescription ou à la dispensation.
Un rapide retour d’expérience sur la mise en place des récents outils numériques en santé en France autorise néanmoins un certain scepticisme.
Sans la crise de la Covid-19 ayant contraint bon nombre de praticiens dont les cabinets étaient vides à utiliser et s’approprier la téléconsultation, cette dernière serait sans doute encore très peu employée.
Mais surtout, l’espace numérique en santé et le dossier médical partagé, présentés, depuis le 1er janvier 2022, comme une révolution dans la prise en charge des patients est encore très peu utilisée du fait des patients qui sont très peu à avoir activé leur espace numérique de santé, soit par négligence, soit par manque de confiance vis-à-vis d’un dispositif transférant sur une plateforme numérique l’ensemble de leurs informations de santé, mais surtout des praticiens qui ne bénéficient pas tous (loin s’en faut) de logiciel métiers DMP compatibles et/ou répugnent à utiliser un dispositif dont la complexité nécessite a minima des formations…
Le succès de la prescription électronique repose donc sur la capacité de la CNAM à équiper rapidement et efficacement les professionnels de santé de téléservices répondant à des condition de simplicité, de sécurité et d’interopérabilité (notamment avec l’espace numérique de santé et le dossier médical partagé dont la prescription électronique va constituer un élément essentiel).
À défaut, les ordonnances papiers ont encore de beaux jours devant elles.